Après deux années passées en Crète avec ma progéniture, je peux l'attester, le quotidien est doux pour les parents d'enfants en bas-âge !
Je vous partage ici mon retour d'expérience, en tant qu'expatriée crétoise, avec une petite fille de deux ans qui passe de longues saisons au cœur d'un petite village traditionnel crétois. Je reviens sur le parcours d'installation et vous raconte la vie quotidienne, dans toute sa réalité.
A la recherche de la crèche
Difficile de trouver des ressources sur le web avant notre installation en mai 2018 concernant les structures d’accueil pour ma fille. La Grèce ne fait pas particulièrement dans l’écrit et encore moins dans la virtualité : lorsque l’on souhaite obtenir des informations sur les infrastructures d’accueil, quelles qu’elles soient, c’est sur le terrain qu’on les trouve.
Je m’imaginais donc atterrir en Crète et chercher désespérément, des semaines durant, une place en garderie, remplir de longs formulaires, faire des allers-venues dans les administrations. Finalement, l’attente aura été de courte durée. En une journée de démarche, à la deuxième visite de garderie, l’inscription était bouclée. Quelques papiers à remplir, une visite de contrôle chez le pédiatre, un numéro fiscal à faire créer et enregistrer par l’administration grecque et notre aventure à la garderie locale avait démarré.
Des bâtiments très bien équipés et agencés, un personnel souriant et ultra-avenant et une propreté irréprochable. Rien à envier aux cousins européens de l'ouest, malgré un niveau de vie bien en-deçà de ceux du Royaume-Uni, où Layla avait évolué dans des locaux en bien moins bon état que ceux trouvés en Crète.
To moraki, le bébé roi
Il faut dire qu’ici, si la monarchie n’est plus, to moraki – le petit bébé – est roi, avec la religion. Avoir un enfant en bas-âge à ses côtés est comme gagner à la loterie. Un fait universel, vous me direz, difficile de trouver un pays où le gros des masses n’est pas attendri par un chérubin. Mais la Grèce reste une championne parmi les championnes. Les premiers résultats de l’expérience ont été visibles dans le quartier où nous vivons. Les voisins de la Guesthouse, habitués à ma présence hivernale depuis près de 6 ans, ont tous affiché un sourire jusqu’aux oreilles, lorsqu’ils ont compris, à l'époque de mon installation, que je venais passer l’été avec ma version miniature.
Depuis notre arrivée, les plus austères d’entre eux, le papou (grand-père) habituellement grincheux du dessous, souffrant et solitaire, sont devenus de vrais cœurs tendres à la vue de Layla. Marques d’affections, sourires inattendus, gazouillements improbables… Et que dire des yaya, ces grand-mères qui composent notre paysage quotidien. Sans exagération, je pourrais arrêter de nourrir ma fille. Notre passage dans le dédale des ruelles du village et nos arrêts fréquents devant chaque porte de maison où son nom est scandé, telle une star, nous permet de rapporter chaque jour à la maison de quoi remplir le frigo : fruits du verger, œufs frais du poulailler, barre de chocolat, biscuits à la cannelle, et j’en passe.
L’enfant, une affaire d’état
Agapi mou, c’est ‘‘mon amour’’, un mot doux réservé aux amoureux dans le langage grec. En réalité, c’est une expression usitée très communément à l’adresse des bébés et jeunes enfants, qu’on leur soit familier ou non. C’est ainsi que Layla se fait appeler chaque jour par les inconnus, investis d’un devoir de transmission d’affection, qui embrassent ses bras potelés, lui caressent les cheveux ou bien encore la prennent dans leur bras.
Un geste que certains, issus de cultures aux mœurs plus réservées, ressentirait comme une agression. Mais l’intégration culturelle passe par l’assimilation des différences. Et l’attention collective portée aux enfants, qui sont de fait une responsabilité partagée, devient rapidement un confort de vie pour les parents solo, catégorie à laquelle j’appartiens.
Des babysitter à foison
Je sors de chez moi, les bras chargés de sacs lourds et encombrants, Layla traine les pieds à l’idée de monter notre ruelle en pente, dans la chaleur du milieu d’après-midi. Pas de soucis, le voisin habituellement peu loquace sort de son jardin, lui tend la main et l’aide à gravir la montagne.
Je suis dans une taverne, j’ai commandé de délicieux mezze et me réjouis à l’idée de me délecter de la cuisine crétoise en observant la mer, mais Layla qui explore les moindres recoins de la taverne, se dirige vers la rue, passante. Pas de problèmes ! Les clients, la patronne, tous attentifs, tous investis d’une mission, l’intercepte et lui explique dans un grec qu’elle commence déjà à comprendre, que le terrain de jeux, c’est dedans.
Layla dort, la nuit est tombée, mais ma journée n’est pas finie, il faut que je nettoie tous les débris végétaux que j’ai laissé à même la rue après ma séance de jardinage. J’ai besoin que quelqu’un vienne s’assoir près de la maison pour surveiller un réveil éventuel. Je passe la tête, timide dans l’épicerie de ma rue, encore ouverte et dans mes quelques mots de grec, je demande une volontaire. On me fait comprendre par un large sourire que c’est un honneur et l’épicière, sa fille et sa nièce se précipitent dans ma cour pour prendre leur tour de garde.
Vous l’aurez compris la parentalité en Crète revêt de douces facettes, et même dans le cas où elle se joue solo, la communauté se chargera de vous accorder l’attention bienveillante nécessaire à l’éducation des plus petits.
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